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Au lendemain de la Grande Guerre, la « relance de l'économie », refrain obligé des discours politiques dominicaux, est une vraie préoccupation pour les élus locaux qui recherchent activement des solutions originales. Le 9 novembre 1922, le conseiller municipal Laurent Michaud propose à ses collègues d'imiter Paris, Lyon, Bordeaux, Leipzig, Munich et Zurich en créant, à Annecy, une foire-exposition. Cette idée est adoptée à l'unanimité.

Un succès immédiat

Le jeudi 18 septembre 1924, saluée par la fanfare du 27e bataillon de Chasseurs alpins 27e bca, la première foire-exposition, baptisée Comptoir savoisien, ouvre ses portes pour 4 jours dans les classes et les cours de l'école du quai Jules-Philippe. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Les deux caissiers délivrent 27'000 billets assurant un joli bénéfice à cette première édition. Les organisateurs ont créé 16 groupes dans lesquels les 192 exposants inscrits sont répartis : l'alimentation, la poterie, l'horlogerie, l'ameublement voisinent avec le bâtiment, la mécanique, le tourisme, le sport, l'agriculture et même l'apiculture.

L'industrie locale est à l'honneur. Les papeteries Aussedat, la >> chocolaterie d'Annecy, les forges de Cran, les roulements Schmidt-Roost ont loué des stands ; Stunzi et Stäubli, de Faverges, ont fait le déplacement, ainsi qu'une douzaine d'organismes et d'entreprises de Chamonix. Le volet culturel n'a pas été négligé puisque les visiteurs peuvent admirer les œuvres des adhérents de la Société des beaux-arts ou assister, au casino, à la représentation de La cocarde de Mimi Pinson donnée au bénéfice de l'œuvre de la Goutte de lait.

Tandis que les journaux locaux rivalisent de commentaires enthousiastes, les élus locaux affichent leur satisfaction. Les uns et les autres se félicitent de la présence massive du monde rural - les trois quarts du département vivent alors du travail de la terre - et du succès des deux concours d'élevage : l'un destiné à la race Tarine, l'autre à l'Abondance.


Le temps de l'expansion

Dès l'année suivante, le succès étant au rendez-vous, les organisateurs annexent la cour intérieure de la caserne Decouz. Les fonderies Paccard y installent un carillon, destiné à une pagode de Bangkok, sur lequel Emmanuel Ritz exécute Les Allobroges. En 1926, la foire investit les abords de l'hôtel de ville.

Après trois années de maternelle et de primaire, la foire-exposition, élève très douée, entre au lycée de jeunes filles (actuel collège Raoul-Blanchard). Quand Fernand David, président d'honneur du Comptoir savoisien, vient trancher le ruban, Jacques Duboin, Paul Jacquier et Claudius Gallet, élus du département, l'accompagnent ainsi que Camille Chautemps, député d'Indre-et-Loire mais toujours fidèle à ses origines savoyardes : cinq anciens ou futurs ministres, un record jamais battu et dignement célébré, sur le Pâquier, par un feu d'artifice.

Durant l'automne 1927, le maire Joseph Blanc fait savoir à son conseil qu'il convient de donner plus d'espace au Comptoir savoisien, qui mérite mieux que les 230 exposants accueillis au lycée. Ce nouveau déplacement va s'accomplir sous la responsabilité d'une société anonyme et non plus d'un comité de bénévoles. En 1931, pour la huitième édition, la foire installe des halls métalliques démontables sur la promenade du Pâquier et d'automnal, le rendez-vous devient printanier.


Quarante-huit éditions, quarante-huit succès

La guerre provoque la mise en sommeil de cette manifestation de 1941 à 1953. Elle s'éveille en 1954. Le cadre reste inchangé, mais cette 17e édition renoue avec la tradition automnale primitive. Avec 75'000 entrées, cette reprise est un succès.

Jean Ravanel - secrétaire d'état au tourisme, Marc Jacquet - ministre des transports, Alain Poher - président du Séant, Joseph Fontanet - ministre de la main d'œuvre et du travail, Raymond Barre - Premier ministre, Simone Veil - présidente du Parlement européen, Yves Galland - ministre délégué aux finances et au commerce extérieur, couperont tour à tour le ruban lors de la cérémonie d'ouverture de la foire.

En 1964, l'Association des foires françaises homologue la manifestation annécienne qui - tout en savourant la gloire de ce label officiel - cherche un emplacement lui permettant de faire face à son développement. Le Parc des sports aura la faveur du comité et ce, jusqu'en 1999, 48e et dernière édition d'une manifestation qui aura accompagné la vie économique et commerciale de notre cité durant 3/4 de siècle.


Source :
  • Revue municipale « Annecy  » #186, janvier 2007.

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