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Elles dirigeaient des réseaux, hébergeaient des clandestins, préparaient des engins explosifs... Les femmes jouèrent un rôle actif dans la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, l'histoire a largement minimisé leur action.
Le 80e anniversaire de la Libération et la grande cause nationale "toutes et tous égaux" sont l'occasion de mettre en avant leur courage.
Découvrez cinq d'entre elles dans le cadre de ces quatre portraits rédigés par la préfecture de Haute-Savoie.
Jeanne Brousse (1921-2017)
Jeanne Brousse (née Maurier) est née en 1921 à Annecy.
Profitant de son poste au bureau des naturalisations puis des réfugiés à la préfecture de Haute-Savoie pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle a contribué à sauver de nombreuses personnes, en particulier juives, en fournissant des faux papiers et en organisant, en lien avec la Résistance locale, des cachettes et des passages clandestins vers la Suisse.
Décorée de la médaille de Juste parmi les Nations en 1974, elle a occupé plusieurs années la fonction de vice-présidente du comité français de Yad Vashem, mémorial israélien perpétuant la mémoire des victimes de la Shoah et honorant les personnes qui ont protégé des Juifs.
Je n'ai rien fait d'extraordinaire. J'ai simplement aidé des juifs en danger
dit-elle.
Marguerite Dunoyer
Née le 14 avril 1914 à Thonon-les-Bains, Marguerite Dunoyer, alias "petite Marguerite - Duchemin" est âgée de 26 ans en 1940.
Elle était à l'état-major des mouvements unis de Résistance (MUR) en Savoie du 1er janvier 1943 au 20 septembre 1944 et parmi les forces françaises combattantes (FFC), réseau Gallia-Kasanga du 1er février 1943 au 30 septembre 1944.
Elle y a œuvré comme agent P2, chargée de mission de deuxième classe, en qualité de lieutenant, agent de liaison pour les mouvements Libération-Sud et Franc-Tireur et membre du Comité départemental de Libération (CDL) de Savoie.
Marguerite Dunoyer obtint la médaille de la Résistance avec rosette pour son action au cours de la Seconde guerre mondiale le 03 janvier 1946.
Colette et Louise Périès
Dès le début de la guerre, Colette Périès, née en 1922 et sa sœur Louise, née en 1918, filles de Paul Périès, préfet, suivent une formation d'aide médico-sociale de la Croix Rouge. Elles appartiennent à un groupe qui fait parvenir des faux papiers ou des colis à des prisonniers en Allemagne.
Fin 1942, les deux sœurs s'engagent dans l'équipe féminine d'agents de liaison mise en place par Antoinette Reille, sous la tutelle du commandant Vallette d'Osia, chef départemental de l'Armée Secrète (AS), fonction qu'il assurera jusqu'à son arrestation en 1943.
Colette Périès a notamment pour missions de faire passer des messages, de transporter de l'argent venant de Suisse ou de Lyon, nécessaire à la Résistance, ou encore de venir en aide à des fugitifs. Elle a pour sa part accompagné de nombreux passages à travers la frontière suisse. Les deux sœurs et leurs camarades effectuent aussi des missions de renseignement et sont ainsi amenées à se rendre à Marseille, à Grenoble, dans l'Ain et, très fréquemment, à Lyon, où elles se chargent de transmettre des courriers via des boîtes aux lettres qui changent fréquemment d'emplacement pour éviter les nombreux contrôles de police.
Leur moyen de transport privilégié est la bicyclette, ce qui permet notamment d'éviter les contrôles, très fréquents dans les gares et les trains. Ces contrôles sont particulièrement dangereux car les jeunes filles mènent souvent leurs actions sous leur véritable identité : en cas d'arrestation, toute leur famille se trouverait menacée. Colette et sa sœur sont donc habituées à parcourir chaque jour de grandes distances à vélo, parfois plus d'une centaine de kilomètres. Colette Périès déclarera d'ailleurs ensuite, non sans humour, qu'après la guerre, elle était prête à faire le Tour de France ! Toutes ces volontaires défileront d'ailleurs à bicyclette lors de la libération d'Annecy.
Les sœurs Périès ont également aidé la Résistance organisée autour du plateau des Glières, en assurant la liaison entre les maquis et les résistants locaux.
Colette Périès, comme sa sœur Louise, est décorée de la médaille de la Résistance. Elles ont reçu ensemble la Croix de Guerre avec citation commune, dont voici un passage : "Mesdemoiselles Périès, agents de liaisons intelligentes, courageuses, ont su avec un total mépris du danger, assurer tantôt ensemble, tantôt en se relayant, un service de plus en plus difficile, tant dans la clandestinité qu'au cours des opérations de Libération".
Colette Périès est également décorée de la Légion d'Honneur.
Un salon de la préfecture de Haute-Savoie porte le nom des deux sœurs résistantes depuis le 4 mai 2013. La préfecture a rendu hommage à "deux femmes exemplaires et, à travers elles, [à] toutes celles, trop méconnues, qui, après s'être engagées dans la Résistance avec courage et abnégation, sont rentrées dans l'ombre avec humilité une fois la liberté reconquise".
Flora Saulnier (1902-1994)
Flora Saulnier est née le 17 février 1902 à Planchamp à Armoy. Elle tient avec son mari l'auberge du Lyonnais à Annecy.
Refusant l'armistice du 22 juin 1940, ils deviennent tous deux membres de la France combattante du mouvement "Combat". Flora est également membre du réseau "noyautage des administrations publiques et privées" (NAP), homologué réseau action (BCRA). Flora en est membre à compter du 1er décembre 1942, chargé de mission de 3e classe à compter du 23 décembre 1943 (sous-lieutenant).
L'Auberge sera jusqu'en novembre 1943 une plaque tournante très importante de la Résistance :
- offrant refuge aux résistantes, aux républicains espagnols et à tous ceux qui étaient recherchés par la milice,
- cachant tracts et journaux clandestins avant leur distribution,
- permettant des réunions secrètes,
- accueillant la mission interalliée venant en France pour organiser des parachutages en liaison avec Tom Morel, chef du maquis des Glières.
Alors que son mari est entré dans la clandestinité, elle est arrêtée le 23 décembre 1943 à son auberge par la Gestapo, conduite au Pax à Annemasse, puis internée à la prison de Montluc et ensuite au fort de Romainville avant d'être déportée au camp de Ravensbrück le 23 mai 1944.
Pendant près d'un an, elle a partagé le sort de milliers de résistantes, torturées et exploitées comme elle dans les sinistres camps de mort lente. Ravensbrück sera libéré par les troupes alliées le 30 avril 1945 mais Flora fera partie du convoi de femmes qui sera évacué vers la Suède dès le 23 avril 1945 afin d'y recevoir des soins. Elle reviendra à Annecy deux mois plus tard.
Avec son mari, qui a participé à la Libération d'Annecy, ils reprennent après la guerre leur activité hôtelière. Dans les décennies suivantes, les anciens Résistants se retrouveront fréquemment dans leur établissement, lieu emblématique de la Résistance à Annecy. Elle sera notamment présidente d'honneur de la fédération nationale des déportés internés, patriotes et résistants de la Haute-Savoie (FNDIRP) jusqu'à son décès le 10 août 1994.
Elle a reçu de nombreuses décorations en raison de son engagement durant la guerre : officier de la légion d'honneur, croix de guerre avec palme, médaille de la Résistance, médaille du combattant volontaire de la Résistance, médaille du combattant et médaille des déportés de la Résistance.
Source
- Page >> Femmes résistantes sur le site de la préfecture de la Haute-Savoie.
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