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1944, la fièvre de la guerre civile s'empare de la France. La Haute-Savoie n'est pas épargnée. Vichy et la Résistance s'y livrent une lutte sans merci : Lionel Martin est de ceux-ci.

« Face à la recrudescence des attentats terroristes », Vichy nomme le 24 janvier [1944] Georges Lelong « directeur des opérations de maintien de l'ordre » en Haute-Savoie. Afin d'« épurer » et de « pacifier » le territoire, il commande l'opération militaire des Glières de février-mars. Mais les « bandes du maquis haut-savoyard » ne sont pas détruites ; elles se reconstituent et préparent le soulèvement victorieux du 19 août 1944. Le lendemain, le Commandant des Forces françaises de l'intérieur (FFI), Nizier, avise les Savoyards qu'une « cour martiale sera instituée [...] pour juger miliciens et traitres ».

Ces derniers seront poursuivis, les femmes tondues en public, les hommes frappés d'indignité nationale ou plus sommairement exécutés. Dix mille d'entre eux seront ainsi tués.

Dans ce climat, Lionel Martin va être un des témoins clés de ces journées fratricides. Né à Hyères en 1922, il quitte le Var suite à sa convocation au Service du Travail Obligatoire (STO). Dès juin 1943, il rejoint l'Armée Secrète (AS) à Scionzier. En février 1944, il entre dans les Francs‑Tireurs et Partisans (FTP), placé sous le commandement de Louis Marius Cochet, dit Franquis. En son sein, il participe notamment à des actions de sabotage et d'espionnage.

Absent au moment de la Libération d'Annecy suite à une blessure, il assiste le 16 novembre à l'exécution de deux responsables vichystes, le colonel Lelong et l'ex‑préfet Marion. À l'aide d'un appareil photographique allemand, précieux butin de guerre, il capture pour la postérité ce « moment historique » de l'épuration extrajudiciaire. Incorporé au 27e BCA, il est finalement démobilisé en février 1946.

Ce 19 août 2024, Lionel Martin et l'un de ses camarades, Claudius Lyard, ont reçu la médaille de la Ville d'Annecy en reconnaissance de leur engagement pour la liberté.

Je n'ai pas cherché les honneurs, je n'ai jamais fait de demandes de médaille, ce sont des amis qui ont fait ça pour moi,

conclut‑il dans l'humilité qui le caractérise.


Source :
  • Rubrique Il était une fois, revue municipale « Annecy mag » #37, novembre-décembre 2024.

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