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Thématiques abordées : #architecture, #histoire
Avant le rattachement de la Savoie à la France, en 1860, Annecy jouissait d'un privilège royal octroyé par la cour de Piémont-Sardaigne : elle bénéficiait d'un établissement d'enseignement secondaire de premier ordre, à travers le Collège Chappuisien fondé en 1549.
Hélas, vingt ans plus tard, la Haute-Savoie est l'un des rares départements encore dépourvus de lycée : le Collège Chappuisien n'irradie pas suffisamment hors des frontières départementales. Dès 1878, élus, habitants et parents d'élèves militent pour que le collège soit érigé en lycée. Dans une lettre du 18 octobre 1882, le préfet demande à ce que la ville réfléchisse à un terrain convenable pour accueillir le futur établissement, fasse préparer plans et devis et s'engage à contribuer pour moitié à la dépense.
Le projet du « Lycée national d'Annecy » (1882-1884)
Auguste Mangé, architecte-voyer(1) d'Annecy, étudie les emplacements possibles au sein de la ville. Dans sa lettre adressée au maire à ce sujet, il précise :
La surface minimum de terrain pour l'installation d'un lycée est de 15.000 mètres [carrés], et cette surface ne peut se trouver sans aller la chercher en dehors du périmètre bâti. D'un autre côté la ligne du chemin de fer d'Annecy-Annemasse forme en quelque sorte une barrière de l'autre côté de laquelle cet établissement ne peut être placé. Il reste dans 1° le plan de M. Laeuffer, avenue de Chambéry qui serait celui le plus rapproché du centre de la ville, d'une surface de 18.000 mètres environ, mais dont la forme triangulaire se prêterait moins facilement à la bonne disposition des bâtiments ; 2° celui derrière les prisons de 16.000 mètres de surface ; 3° enfin celui le long des grands boulevards et face l'avenue du Haras partant du Pâquier. Et suivant l'emplacement destiné à cet établissement, il faudrait aussi fixer le nombre d'élèves que recevra le lycée. Ceux de garçons doivent d'après les instructions ministérielles pouvoir contenir au moins 200 élèves pensionnaires couchants, 60 à 80 élèves demi pensionnaires et 100 externes. Dans ce cas la superficie de terrain doit être du minimum de 15.000 mètres, et être portée à 20.000 pour 300 pensionnaires. Le minimum indiqué par les instructions me paraît suffisant pour Annecy.
Le choix se porte finalement sur l'emplacement face aux haras construits depuis peu (1880), compris entre la ligne du chemin de fer (aménagée dans le même temps) et le boulevard extérieur. Le terrain, choisi par le conseil municipal dans sa délibération du 19 mai 1883, s'étend sur plus de 2 hectares (précisément 2 ha 37 a 35 ca, soit 20'000 + 3'700 + 35 m² soit 23'735 m²) ; appartenant à divers propriétaires, il est le seul à présenter « une position très salubre et la surface non bâtie nécessaire ».
Dans sa délibération du 25 février 1884, le conseil municipal d'Annecy vote favorablement pour la construction d'un lycée de garçons et s'engage solennellement auprès de l'État à assurer la moitié de la dépense, la réparation et l'entretien des bâtiments, ainsi que la prise en charge pendant 10 ans des boursiers, dont le nombre sera fixé avec le ministre de l'instruction publique.
illustrations 2, 3 et 4) Lycée de garçons, actuellement Lycée Claude-Louis-Berthollet élévations (face sur le boulevard, face latérale) ; plans du rez-de-chaussée ; plans du 1er étage. Auguste Mangé.
reproduction Pascal Lemaître © Archives communales d'Annecy ; © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; numéros d'immatriculation IVR82 20147401511NUCA, IVR82 20147401520NUCA et IVR82 20147401519NUCA
Plans et cahiers des charges sont fournis par Auguste Mangé dès 1884. Il est prévu que l'établissement doit :
pouvoir contenir (…) 380 élèves à répartir d'après le programme du lycée en trois divisions, petite, moyenne et grande, ayant chacune leur classe, leur salle d'étude, réfectoire, dortoir et cours, chacun des quartiers devant être en communication directe, soit avec les logements surtout ceux du proviseur et du censeur, pour la surveillance générale, soit avec les bâtiments de dépendances pour le service extérieur. En outre il faut : 1° une infirmerie, 2° un gymnase, 3° une chapelle ; enfin les logements du personnel.
Auguste Mangé, rapport explicatif, février 1884
Auguste Mangé poursuit en détaillant précisément son programme, qui sera respecté soigneusement.
Les travaux : 1885-1891
Le projet est adopté par le conseil municipal dans sa délibération du 25 février 1884 pour une dépense estimée de 841'993,73 frs, y compris 30'000 frs pour les 20'000 m² du terrain. Après les divers examens des commissions du ministère de l'instruction publique et de l'inspection académique, le projet est rectifié et la dépense dépasse le million de francs. Les travaux sont lancés par arrêté en 1885 et dureront jusqu'à la rentrée de 1888.
Les travaux sont confiés par adjudication(2) de décembre 1885 à des entrepreneurs principalement locaux, mais également situés à Lyon et Paris : Le 1er lot - maçonnerie - revient à Christian Nann, entrepreneur à Lyon (4 janvier 1886) ; le 2e lot - charpente - est attribué à l'entreprise Camps et Cie d'Annemasse ; la menuiserie (3e lot) à Gaillard SARL à Annecy ; Paul Moutier à Saint-Germain-en-Laye est en charge du 4e lot, ferronnerie et serrures, et Casimir Andemard à Lyon, du 5e lot (zinguerie, vitrerie).
Il fallait trouver un nom à ce lycée, qui réponde à l'ambition de rayonnement national et international qu'on lui assignait.
Le recteur propose comme dénomination le nom de [Claude-Louis] Berthollet, gloire nationale, pour désigner un lycée qui a pour vocation d'être un lycée national, alors que la perpétuation du « Collège Chappuisien » le réduit à la ville d'Annecy.
Malgré tout, le conseil municipal persiste dans sa volonté de poursuivre avec la dénomination de « Collège Chappuisien » (délibération du conseil municipal pour la dénomination du lycée, 17 mars 1888).
Mais le conseil cède devant la décision nationale : par sa lettre adressée au maire d'Annecy en date du 27 septembre 1888, le directeur de l'enseignement secondaire transmet l'ampliation(3) « du décret du 20 septembre 1888, donnant le nom de Berthollet au lycée d'Annecy, ensuite de la délibération du conseil académique de Chambéry du 22 juin 1888 ».
Le président Sadi Carnot inaugure le lycée en octobre 1888.
Les travaux se poursuivent sur l'année scolaire 1888-1889. Il reste encore à fournir quelque mobilier pour les pensionnaires et les élèves (M. Girod, 14 juin 1889 ; lits et sommiers en fer par la maison Herbet Auguste à Paris, 30 septembre 1889), le mobilier des fonctionnaires (M.C. Murgier, 28 décembre 1889) et la mise en place de canalisation et d'appareils d'éclairage au gaz (10 janvier 1890).
Le procès-verbal de réception définitif est prononcé le 14 août 1891, pour un montant total des dépenses qui s'élève à 1'063'643,29 frs. Plusieurs compléments d'aménagements visant à améliorer l'enseignement dispensé aux élèves surviennent dans les années qui suivent : en 1894, création d'une salle de manipulations (dans l'aile ouest du bâtiment 19e) ; en 1899 installation d'une horloge au pavillon d'entrée fournie par Eugène Lamy (2 rue de Bœuf à Annecy, soumission du 20 avril 1899).
illustration 8) Plan de masse du lycée Berthollet en 1898
1 pavillon d'entrée, 2 et 3 ailes longitudinales, 4 et 5 longères, 6 et 7 vaisseaux perpendiculaires, 8 « bâtiment 19e » dont « infirmerie 19e » au 2e étage, 9 pavillon du gardien, 10 cuisines, réfectoires, 11, (sacristie, chapelle, dépôt des fusils), infirmerie 20e, 12 « gymnase 19e », C1 C2 et C3 cours, respectivement des petits, moyens et grands, P1 P2 et P3 préaux, respectivement des petits, moyens et grands.
tracé Cédric Cuz, d'après plan.
Aménagements et restructurations au 20e siècle
Le confort moderne touche petit à petit l'établissement : extension du chauffage à vapeur en 1910, raccordement au tout-à-l'égout en 1911 ; installation de bains-douches en 1928 ; aménagement de salles de bains dans les appartements de fonction en 1931 ; éclairage électrique en 1928 (se substitue au gaz initialement installé). Les travaux sont conduits sous la direction de l'architecte municipal Joseph Decoux. Les effectifs augmentent régulièrement, les « intermèdes » des conflits mondiaux (1914-1918 et 1939-1945) confortant le lycée dans son rayonnement national et international.
Aux travaux d'entretien régulier et courants s'ajoute à partir de 1956 un important projet d'agrandissement, pour répondre au besoin de développement de l'enseignement scientifique et technique. Le projet est confié à l'architecte Georges-Claude Raisin. C'est d'abord le projet de réfection des toitures, des galeries, de certaines menuiseries, et l'extension du bloc sanitaire qui ne comprend que 9 douches pour l'ensemble de l'établissement (1957). Et surtout l'aménagement d'un bloc scientifique entre 1961 et 1963 : c'est la construction de l'aile dite Brogny 13 car occupant la partie ouest du tènement, parallèlement à la voie ferrée.
Le bâtiment est conçu en étroite consultation avec les enseignants de physique, de chimie et de sciences naturelles. Il en résulte le projet d'un bâtiment à trois niveaux : un rez-de-chaussée dédié à la chimie (enseignement qui connaîtra des aménagements complémentaires en 1970-1973) ; un 1er étage dévolu à la physique, un 2e incluant salles d'enseignement des sciences naturelles et dortoir. La circulation des élèves est facilitée par l'aménagement de deux galeries extérieures au 1er et au 2e étage : par lettre en date du 15 juillet 1960, le Ministre avait donné une suite favorable à la requête présentée dans ce sens par M. Armand professeur agrégé de physique. Les travaux sont conduits entre 1957 et 1961, année de l'inauguration du bâtiment.
En 1958, le gymnase 12 est également repensé, avec le projet de construire un édifice approprié hors du périmètre du lycée. Il sera toutefois édifié à l'est de la parcelle G1, empiétant sur la cour 1 C1. L'agrandissement du lycée touche également la partie nord-est de la parcelle ; des terrains sont échangés pour l'agrandissement du lycée, amenant à redessiner l'angle nord-est de la parcelle, déplaçant ainsi le boulevard Nicollet au nord, en 1959.
Ces extensions portent les effectifs du lycée de 634 élèves à la rentrée de 1955-1956 à 1'083 en 1960, soit 100 élèves supplémentaires par an. Le programme d'extension de 1960 porte les effectifs à 2'100 élèves.
Georges-Claude Raisin dirige parallèlement les travaux de réfection et agrandissements du lycée en 1963. Ils comprennent en outre la réfection des sols (pose de plinthes et dalles en sols plastiques genre Dalflex, impliquant la dépose du parquet existant), le changement des fenêtres (croisées en chêne premier choix), la transformation de l'installation de chauffage à vapeur en chauffage à eau chaude. Les locaux à chauffer sont le gymnase, les douches-vestiaires, la chapelle, la sacristie, le réfectoire, la dépense de l'appartement du dépensier, la laverie, la salle à manger des agents et les combles.
Malgré ces agrandissements et aménagements successifs, l'état du lycée se dégrade ; en 1976, une forte campagne de sensibilisation est lancée en direction du ministère de l'Éducation nationale et de la ville, pour faire prendre conscience de la vétusté importante des locaux. Un > reportage photographique complet appuie l'argumentaire, et livre aujourd'hui une documentation unique sur l'aspect du lycée dans le 3e quart du 20e siècle. Cette année-là, le chauffage est totalement rénové, la cuisine entièrement restructurée, les toitures refaites sur leur totalité, et divers travaux de gros entretien et de restructuration sont accomplis, le tout en 2 phases : phase 1 : rénovation complète du chauffage, agrandissement des locaux de la cuisine principale, réfection des toitures, fenêtres et parquets, réfection de l'installation téléphonique ; phase 2 : réfection des toitures, réfection des parquets, remplacement des fenêtres, mise en sécurité des garages à bicyclettes. Il semble que la restructuration de 1976 soit la plus efficiente au cours du 20e siècle, jusqu'à la fin des années 1990 où le projet d'une nouvelle restructuration se dessine et se met en œuvre jusqu'en 2004.
En 1993-1995, le bâtiment abritant le CDI 14 est construit en prolongement de l'aile Brogny au sud-ouest de la parcelle.
Restructuration au 21e siècle
La restructuration, conduite sous la maîtrise d'œuvre des architectes Wolff et Graf dès 1997, prévoit une révision complète des certains bâtiments : restructuration et mise aux normes des cuisines (1999) ; reprise des façades du bâtiment Brogny 13 (2001) ; extension du même bâtiment sur deux niveaux côté boulevard du lycée, rénovation et modification des façades du bâtiment CDI 14 (2001).
Les menuiseries extérieures sont entièrement reprises, les façades des deux bâtiments – Brogny 13 et CDI 14 – sont repensées et unifiées sous un placage de bardeaux de terre cuite posées sur une ossature métallique ; le matériau et sa mise en œuvre assurent la ventilation basse des circulations d'air. Les déplacements des élèves sont totalement repensées : les circulations sont regroupées systématiquement le long de la façade sud du bâtiment 19e 8, générant des coursives à deux niveaux sur rez-de-chaussée, accessibles depuis les bâtiments perpendiculaires pour les cours C1 et C3 ; dans la cour C2, la galerie est totalement repensée, redessinée et reconstruite, en privilégiant le bois et le verre. L'adoption d'un escalier central apporte une majesté à la cour renforcée par le déploiement des coursives le longs des trois façades. Le gymnase G1, enfin, est entièrement reconstruit en 2003 et inauguré en 2004 G2.
Appendices : détail des différents bâtiments
Pavillon d'entrée
Le pavillon d'entrée 1 occupe une position centrale qui lui permet d'assurer la distribution des bâtiments constitutifs du lycée et la circulation des élèves. C'est une structure rectangulaire axée nord-sud à laquelle on accède par une volée de 3 marches. Un large hall ouvre côté nord à gauche sur la loge du concierge, à droite sur la salle des actes, côté sud à droite et à gauche sur les galeries desservant respectivement l'aile de l'intendance (à l'est) et l'aile du proviseur (à l'ouest), et au nord la cour centrale C2.
Il est couvert d'un toit en pavillon revêtu d'ardoise grise pour sa partie centrale, d'un toit à long pan sur les ailes latérales.
L'entrée est marquée par une porte soulignée de moulures en pierre, flanquée de deux pilastres au chapiteau timbré du chiffre RF en vis-à-vis. L'entablement est constitué d'un fronton cintré à ressauts et base rentrante, rehaussé des armoires de la ville d'Annecy et surmonté d'un acrotère orné du cadran de l'horloge.
Côté cour, le corps central est construit en légère avancée par rapport aux corps latéraux ; il est éclairé par de hautes fenêtres élancées et cintrées flanquant la porte d'accès à la cour à double vantaux surmontée d'une fenêtre cintrée. Une inscription commémorative a été placée à l'occasion du centenaire du lycée sur le linteau. Deux cloches sont encore accrochées au-dessous du cadran de l'horloge, celle au centre étant protégée par un auvent fait de deux plaques de tôles disposées en bâtière.
L'horloge est fournie en 1899 par Eugène Lamy :
(elle) marche 8 jours pour un remontage, avec une descente de poids de 3 m, sonnant les heures, les demies et les quarts sur trois cloches abritées par un campanile en fer couvert en zinc, une armoire pour renfermer l'horloge, des pans coupés en menuiserie pour renfermer le poids y compris peinture, raccords, etc. pour 1820 frs avec garantie de 10 années de marche régulière et de tout vice de construction.
Le cadran des établissements Charvet subsiste côté nord. L'accès au mécanisme, logé dans les combles du pavillon, se fait par un escalier en bois légèrement incurvé, aménagé dans l'actuel appartement du concierge. Du mécanisme d'horlogerie ne subsiste plus rien, hormis le cadre de l'armoire le contenant.
illustration 11) Lycée Berthollet. Entrée, Auguste Mangé, Annecy : 1888
reproduction Pascal Lemaître ; © Archives communales d'Annecy ; © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; N° d'immatriculation IVR82 20147401514NUCA
Bâtiment 19e
Le bâtiment a été construit en 1887-1888, d'après les plans de l'architecte Auguste Mangé. Lors du réaménagement du lycée en 1976, la façade sud ouvrant sur la cour C1 a été rehaussée d'une coursive permettant la circulation des élèves exclusivement par l'extérieur.
Initialement, la galerie desservait les deux bâtiments perpendiculaires par deux escaliers en béton à palier en retour, construits côté nord de la cour centrale C2 à l'est et à l'ouest ; ils desservaient une galerie courant le long de la façade sud du bâtiment 19e et des façades des bâtiments perpendiculaires 6 7. La restructuration du lycée en 2004 repense l'ensemble des circulations et entraîne une nouvelle définition spatiale.
Le bâtiment 19e
Les vaisseaux perpendiculaires 6 7 viennent mourir contre la façade du bâtiment 19e 8, vaste structure horizontale barrant le fond de chaque cour du lycée. Sa façade sud, côté cour, est aujourd'hui quasiment masquée par les coursives aménagées pour faciliter la circulation des élèves. La façade nord laisse voir l'agencement architectural en travées et deux niveaux sur rez-de-chaussée. Les baies du rez-de-chaussée et du premier niveau sont jumelées dans un cadre commun sous un arc de décharge.
Un bandeau continu horizontal court tout le long des baies du premier niveau. Les baies du second niveau sont uniques. Seuls les tuyaux d'évacuation des eaux de pluies scandent régulièrement la façade verticalement. Le bâtiment accueille les salles de cours et les laboratoires de physique-chimie et de sciences naturelles.
L'accès aux étages se pratique par un escalier dans-œuvre tournant à retour, situé au centre du bâtiment. Un ascenseur a été ajouté récemment.
La galerie sur coursières
La solution proposée consiste dans la mise en œuvre d'un accès central, magnifiant la cour axiale du lycée et centralisant les accès aux étages supérieurs, tant des salles de cours que de l'internat. L'escalier central débute par un volume pyramidal de 7 volées de marches divisées par une main courante axiale ; il se poursuit en volées doubles symétriques en échelle, l'une à l'est, l'autre à l'ouest, permettant l'accès au niveau 1 qui se poursuit de façon continue en coursive le long des trois façades.
La construction en bois se structure sur un système de fûts fichés dans des plots en béton, supportant un treillis de charpente structuré d'arbalétriers, chevêtres et contrefiches. Ce réseau dense mais aérien supporte un auvent couvert en verre, régulièrement surhaussé de cinq pyramidions sur la coursive principale.
Dans les cours C1 et C3, le système favorise une structure de tubes d'acier ancrés par paire dans des plots en béton, dont la stabilité est assurée par des croisillons de câbles d'acier.
illustrations 15, 16 et 17) Bâtiment 19e, galerie sous coursières
clichés Pascal Lemaître © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; numéros d'immatriculation IVR82 20147401665NUCA, IVR82 20147401666NUCA et IVR82 20147401667NUCA
Bâtiment Brogny
Le bâtiment Brogny 13 a été décidé en 1957, pour permettre au lycée d'accueillir convenablement les classes d'enseignement scientifique : mathématiques supérieures et spéciales, physique et chimie. Les plans de Georges Raisin sont acceptés dans les années suivantes, la construction est achevée en 1961. Dans le cadre des travaux de réhabilitation du lycée en 2001, les façades de l'aile Brogny sont fondues avec celles du bâtiment du CDI élevé en 1993-1995 dans son prolongement au sud-ouest.
Le bâtiment, confié à l'architecte Georges Raisin, s'élève sur 3 étages carrés sur la partie nord ouest de la parcelle, le long de l'avenue de Brogny, d'où son nom. Il offre une seconde entrée aux élèves, le long de l'avenue.
C'est un vaisseau allongé élevé sur cave, rez-de-chaussée et 3 étages carrés, à retour sur le boulevard Nicollet. Initialement pourvu d'une façade aux niveaux marqués par les ouvertures régulièrement implantées, il est aujourd'hui revêtu de panneaux de tuiles de terre cuite, assurant une continuité visuelle au bâtiment primitif, de son extension vers le sud, ainsi que du retour nord, avec le bâtiment du CDI s'élevant sur un étage carré seulement sur rez-de-chaussée.
La façade sud de l'extension du bâtiment sur deux niveaux entreprise lors de la rénovation est traitée en arrondi ; la toiture à deux longs-pans se termine donc par un arrondi surplombant le bâtiment du CDI. La vêture du bâtiment est en bardeaux de terre cuite posée sur une ossature en métal pré-laqué. Elle assure, par les bardeaux ajourés dits « mulots », la ventilation basse des circulations.
Les façades est et ouest sont interrompues par la haute verrière quadrangulaire marquant l'entrée du lycée et s'élevant sur 2 étages carrés. La circulation verticale des lycéens est assurée par un escalier en vis intérieur à marches gironnées en acier, avec main-courante tournant autour d'un mur-noyau en béton, ajouré au rez-de-chaussée par des meurtrières aménagées dans les plaques de béton.
Les circulations horizontales se font par des galeries de dégagement aménagées le long de l'avenue, les salles de cour ouvrant exclusivement côté cour.
Le gymnase
Le gymnase G1 est reconstruit entre 2001 et 2004, sous la maîtrise d'ouvrage de la Communauté d'agglomération d'Annecy et SCIC Développement. Le projet conçoit l'équipement comme une ville dans la ville, accueillant aussi bien les élèves du lycée pour les activités sportives intégrées dans leur cursus, que les autres usagers de l'équipement en dehors du lycée. Le gymnase participe alors à une volonté de rééquilibrage du lycée dans son implantation urbaine : l'aile Brogny 13, à l'ouest, vient tout juste d'être réaménagée ; l'emploi de la terre cuite sur l'ensemble de ses façades relie visuellement le bâtiment du CDI 14 et les bâtiments 19e, tout en fortifiant leur image.
À l'est du tènement, conçu comme un équipement sportif indépendant du fonctionnement du lycée proprement dit, « une ville dans la ville » pour l'architecte Pascal Legrand, le gymnase est aménagé en tenant compte des caractéristiques de la création d'Auguste Mangé : au sud bâtiments en rez-de-chaussée le long du boulevard du Lycée, au nord bâtiment 19e 8 de 3 étages carrés. Aussi, le plan masse respecte-t-il les constructions préexistantes. L'accès à l'ensemble sportif se fait dans l'alignement de l'axe longitudinal de circulation depuis la nouvelle entrée sur Brogny vers l'accès sur la place du 8-Mai.
illustrations 18, 19 et 20) État du gymnase en 2000
clichés © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; numéros d'immatriculation IVR82 20147401956NUCA, IVR82 20147401957NUCA et IVR82 20147401958NUCA
C'est un bâtiment compact qui empiète très peu sur la cour 1 et lui laisse quasiment ses dimensions d'origine. L'astuce de l'architecte est d'enterrer le bâtiment sur un quart de sa hauteur. La présence de ce volume est encore atténuée par le dessin de la façade et la transparence du volume, strictement quadrangulaire côté cour, mais entièrement vitré. À l'extérieur, côté rond-point et boulevard Taine, le monolithe en béton matricé est entièrement végétalisé, masquant la structure du mur d'escalade qu'il contient.
À l'intérieur, le gymnase propose une grande salle avec éclairage traversant, protégée par des brises-soleil extérieurs. Le mur d'escalade s'étend sur un linéaire de 42 m dont 34 possèdent un recul perpendiculaire de 8 mètres minima, avec possibilité de 12 couloirs sur 3 mètres de largeur ; son éclairage est zénithal.
illustrations 21, 22 et 23) Le nouveau gymnase, livré en 2004 ; les photos sont peu ou preu prises au même emplacements que celles de l'état des lieux en 2000.
clichés © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; numéros d'immatriculation IVR82 20147401650NUCA, IVR82 20147401651NUCA et IVR82 20147401682NUCA
La façade sur le boulevard Taine est structurée sur une poutre-treillis continue sur la longueur de 48 mètres, posée dans la hauteur du lanterneau côté cour. Elle permet d'enjamber 36 mètres de portée libre au-dessus des gradins et offre une vue complètement dégagée en supprimant tous les poteaux. La poutre-treillis est constituée d'une membrure supérieure et inférieure parallèle. De fins poteaux métalliques sont disposés tous les six mètres sur la façade côté rue.
Rédaction originelle : Elisabeth Dandel, chercheuse indépendante (enquête et rédaction du dossier : 2014)
Contributions : Cédric Cuz (synthèse, adaptation)
Publication initiale : 18 avril 2024
Chronologie et repères temporels :
- ...
- 1549 : fondation du Collège Chappuisien par Eustache Chappuis,
- ...
- 1614 : les Barnabites s'installent au Collège Chappuisien pour y assurer l'enseignement,
- ...
- 1794, 5 avril : édition du premier plan d'urbanisme d'Annecy, élaboré par l'architecte Thomas-Dominique Ruphy : sont projetés la destruction du mur d'enceinte pluricentenaire, l'aménagement de la route vers Sévrier en faisant creuser le rocher de la Puya, la création d'un grand axe s'étendant d'Annecy-le-Vieux à Cran-Gevrier (avenue d'Albigny, rue Royale, rue du Pâquier), la rue de la République, l'aménagement des quais et de plusieurs places,
- 1816-1860 : mise en application progressive du plan d'urbanisme,
- ...
- 1860, 22 & 23 avril : annexion des Savoie à la France,
- 1861-1864 : construction de l'hôpital moderne aux Marquisats,
- 1865 : construction de la Préfecture, de la gendarmerie et de la prison, ces bâtiments sont alors tous situés à l'extérieur de la ville. Les plans de la préfecture et de la maison d'arrêt sont conçus par l'architecte lyonnais Léon Charvet,
- ...
- 1880-1885 : construction du nouveau haras,
- 1885-1888 : construction du nouveau lycée, selon le projet et plans de l'architecte Auguste Mangé,
- ...
- 1897 : début des travaux de la ligne ferroviaire Annecy <> Albertville, avec le percement d'un premier tunnel (de 1,6 km) sous le Semnoz entre Annecy/Vovray et Sévrier/Beau Rivage, et d'un second tunnel (de 188 m.) sous le Taillefer à Duingt,
- ...
- 1906 : mise en place de l'éclairage public électrique, alimenté grâce à la centrale hydroélectrique des Forces du Fier,
- ...
- 1922, 11 juillet : arrivée à Annecy du 27e BCA, la Caserne des Fins est alors rebaptisée >> Caserne Galbert,
- 1923-1925 : réfection du chauffage, réfectoire et dortoirs du lycée,
- ...
- 1957 : agrandissement, construction aile avenue du Petit-Brogny-Boulevard Nicollet, architecte Georges Raisin,
- ...
- 1969 : démolition de la prison,
- 1972 : démolition de la gendarmerie après le départ des militaires vers la nouvelle caserne de gendarmes mobiles (future Caserne Dessaix),
- 1976 : réfection totale du lycée,
- ...
- 1995 : construction et aménagement actuel de l'aile du CDI,
- 1997-2001 : restructuration du lycée, Wolff et Graf, architectes urbanistes à Annecy,
- 2003-2004 : reconstruction du gymnase, Atelier d'architecture Pascal Legrand,
- 2004 : rénovation des salles de sciences.
Notes :
- (1) architecte-voyer : fonctionnaire territorial spécialiste, responsable sur le plan local des dossiers traitant des équipements, d'urbanisme (alignements des rues)...
- (2) adjudication : mode d'attribution de la commande à celui des entrepreneurs qui consent le prix le plus bas, après une mise en concurrence préalable,
- (3) ampliation : copie authentifiée d'un acte notarié ou administratif.
Sources :
- >> Lycée de garçons, actuellement Lycée Claude-Louis-Berthollet, dossier d'œuvre architecture réalisé par Elisabeth Dandel, référence IA74002201,
- page >> Lycée Berthollet sur Wikipédia.
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contenu publié le jeu. 04 avril.
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