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Thématiques abordées : #histoire, #toponymie, #urbanisme
Le Quartier du Lac, emblématique des années [19]30
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Annecy vit une expansion économique et démographique sans précédent, liée au développement du tourisme et de l'industrie. La nécessité d'ériger de vastes ensembles d'habitations s'impose : entre 1929 et 1934, pas moins de 387 immeubles sont construits. Après la réalisation du Quartier de la Gare, le cabinet d'architecte Fournier est chargé de l'édification du Quartier du Lac.
Jusqu'en 1930, l'espace délimité par la rue du Pâquier au nord et l'église Saint-Maurice au sud est pleinement occupé par la caserne Decouz. Celle-ci est installée dans les bâtiments de l'ancien collège chapuisien [sic] (1549) et de l'ancien couvent dominicain, devenu le premier haras en 1803.
L'ensemble imposant, ainsi que les masures et ruelles insalubres qui le cernent, disparaissent pour laisser place à des immeubles, abritant logements, hôtels et commerces, bordés de larges rues aérées.
Le premier immeuble ouvre en 1931. Il s'agit du Splendid hôtel que l'on doit à l'architecte Gustave Denizot. La Chambre de commerce et d'industrie de la Haute-Savoie, dont les travaux débutent en 1930, est inaugurée en 1932. Elle est signée par l'architecte Camille Blanchard.
La construction des immeubles d'habitations, de style Art déco, est confiée au cabinet d'architectes Fournier. La famille Fournier innove en misant sur la robustesse du béton armé, mais aussi en proposant la vente sur plan et en popularisant la système de la copropriété. Les appartements de standing répondent aux exigences modernes en termes de salubrité et de confort : ascenseur, chauffage central collectif, eau chaude, gaz, antenne de TSF, cave, garage, buanderie collective.
Après interruption durant la Seconde Guerre mondiale, le dernier immeuble est achevé en 1953.
Quartier du Lac, que nous raconte le nom de rues ?
La rue Joseph-Blanc
Instituteur originaire de Saint-Jorioz, Joseph Blanc [1863-1941] entame sa carrière politique en 1904 comme conseiller municipal d'Annecy. Maire très engagé de 1909 à 1941, sa devise est « une ville qui ne progresse pas est une ville qui meurt ». Il assure la transformation et la modernisation de la ville avec notamment l'aménagement de 14 km de voies nouvelles et la construction de nouveaux quartiers, dont celui du Lac. Il œuvre aussi pour le développement de l'hôpital et le bien-être des enfants : création de la maternité, de la crèche, de la cantine scolaire et de la colonie de vacances de Leschaux.
Le quai Eustache-Chappuis et la rue du Collège-Chappuisien
La rue et le quai évoquent Eustache Chappuis (vers 1491-1556), notable et ecclésiastique annécien. Docteur en droit d'une rare éloquence, il côtoie de grands princes et devient diplomate auprès de Charles Quint. Proche des idées humanistes, il est soucieux de l'accès à l'instruction de ses compatriotes savoyards de condition modeste. En 1549, il fonde le « Collège Chappuisien », accolé au couvent des Dominicains. Ainsi, il implante à Annecy : accès aux études avec instauration de bourses, gestion et enseignement partagés entre religieux et laïcs. Des élèves illustres y sont formés : François de Sales (1567-1622), le chimiste Claude-Louis Berthollet (1748-1822) ou encore l'ingénieur et homme politique Germain Sommeiller (1815-1871). En 1888, l'établissement disparaît au profit du >> lycée [de garçons] Berthollet.
La rue Camille-Dunant
Camille Dunant, fils du peintre Prosper Dunant, est le fondateur de la section annécienne du Club alpin français (1874) et du Syndicat d'initiative d'Annecy (1895), le deuxième de France après Grenoble. Installé à l'angle de la rue du Pâquier et du quai Eustache-Chappuis, le terrain est vendu en 1930 pour l'édification de l'hôtel Splendid (1931). Le syndicat déménage alors au chevet de l'église Saint-Maurice, où il siège jusqu'en 1981.
La rue et le canal Saint-Dominique
Cette dénomination fait écho au couvent des Dominicains, établi en ce lieu en 1422 par le cardinal de Brogny, dont la vaste chapelle est devenue l'église Saint-Maurice. Les bâtiments sont affectés en 1803 à l'établissement du premier haras, puis à la caserne Decouz jusqu'en 1930. Le canal Saint-Dominique, alimenté par une dérivation du Thiou, traverse le quartier, en partie couvert sous la voirie et l'église.
Transcription d'après photos : Cédric Cuz
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Publication initiale : 28 avril 2024
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mot(s) clé(s) : annecy, ville d'- hier et aujourd'hui histoire
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