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« Mémoires d'ici » propose des transcriptions de panneaux historiques et culturels situés à différents endroits d'Annecy.

Fin (pour l'instant) de la transcription des articles publiés dans la revue municipale Annecy sur la thématique « Histoires d'eaux », qui reprennent une partie du contenu d'un numéro des Carnets d'Archives édité par les Archives municipales d'Annecy...


Histoires d'eaux | Une ville en quête d'eau potable

En 1903, la ville est alimentée par les sources des Balmettes (1856) et du Var (1888) qui peinent à couvrir les besoins des 14'000 Annéciens. Sous l'impulsion du médecin Gustave Geley, le conseil municipal enclenche le processus de réflexion à l'issue duquel la captation des eaux du lac sort gagnante, en 1906, soufflant la vedette aux sources de Morette et des Trois-Fontaines à Vieugy. Fin octobre 1910, l'eau du lac coule aux robinets.

Boire à la source

La source des Balmettes, suffisante pour alimenter les douze bornes-fontaines et les deux fontaines jaillissantes prévues à l'origine, n'arrive pas à approvisionner correctement la totalité des points d'eau publics et des concessions privées qui sont venues s'ajouter au fil du temps.
Pendant trente ans, la situation n'a cessé de se dégrader et, en 1884, année de sécheresse prolongée, certains quartiers sont régulièrement privés d'eau, au grand dam de la population. La commission nommée le 30 août 1884, après avoir analysé un nombre invraisemblable de sources dans les environs d'Annecy, arrête son choix sur les eaux du Var et de Morette. Marius Vallin et Désiré Machard plaident en faveur de la captation des eaux du lac qui leur paraît plus adaptée pour faire face aux besoins en eau dans le long terme. Finalement, à l'issue de la houleuse séance du 28 septembre 1887, le conseil municipal approuve à douze voix contre dix le projet de captation de la source du Var (sur la commune de Saint-Jorioz). Le 6 octobre 1888, soit quatre ans après les premières discussions, l'eau coule enfin en abondance... mais pas pour bien longtemps.


Du lac au robinet

Marius Vallin et Désiré Machard, dont les ambitions et l'audace avaient effrayé une bonne moitié du conseil municipal, avaient pourtant vu juste car en 1905 le problème de l'eau se pose à nouveau de manière pressante. Dix-sept ans ont passé mais la captation des eaux du lac ne fait toujours pas l'unanimité au sein du conseil municipal. Certains craignent qu'elle soit impropre à la consommation, d'autres que son exploitation revienne trop cher. La discussion sera vive, mais finalement le conseil municipal opte, le 14 février 1906, pour l'élévation et la filtration des eaux du lac à seize voix contre cinq. François Garcin, propriétaire de la carrière et de l'usine de chaux de la Puya, consent à vendre le terrain nécessaire pour construire la première usine élévatoire des rives du lac.
Aujourd'hui, un siècle plus tard, le lac permet d'alimenter en eau potable 152'000 habitants. Chaque année, quelques 12'000'000 m³ d'eau, soit 4 % des 300'000'000 m³ qui se déversent dans le lac, sont acheminés vers les stations de traitement avant d'être envoyés dans les 916 km du réseau de distribution.


Appendice 1

Pour faire face à une demande en eau potable toujours croissante due à l'augmentation de la population et des besoins domestiques et industriels, l'usine élévatoire au virage de la Puya est transformée, agrandie et modernisée en 1927, 1954, 1967-1968, 2010 et en 2015 avec l'achèvement de la modernisation du système de production d'eau à partir du lac.

En 1976, une seconde usine est mise en service à la limite d'Annecy-le-vieux et de Veyrier, à la Tour ; elle n'est utilisée actuellement qu'en secours.

Au réservoir de La Jeanne, construit en même temps que l'usine, viennent s'ajouter les réservoirs de Trésum (10'000 m³) en 1929 (cf photographie illustration 1) et du Belvédère (16'000 m³) en 1958, implantés à des niveaux différents sur les pentes du Semnoz.

illustration 1) Construction du réservoir de Trésum, octobre 1929
Cliché Thimothée Verron

En 1919, la capacité du réservoir du château (démoli en 1976, aujourd'hui remplacé par le petit parking) est presque doublée par l'adjonction d'un nouveau réservoir de 1'200 m³. Le réservoir de La Jeanne est refait en 1967-1968 et sa capacité est portée à 7'000 m³.

Aujourd'hui, l'usine est doublée d'une seconde implantée aux Espagnoux qui est équipée d'un réservoir de 8'000 m³ ; ce qui fait que la réserve d'eau au total correspond à l'équivalent d'une journée en consommation d'eau sur l'agglomération d'Annecy.


Appendice 2

Qui se souvient du réservoir de la place du château ? Certainement les enfants de la vieille ville des années 1950-1970, pour qui la place du château, le clos Charvin et ce réservoir étaient le terrain de jeux de prédilection.

Aujourd'hui, le petit parking du château remplace ce réservoir démoli en 1976. Construit en maçonnerie à la fin du XIXe, d'une capacité de 800'000 litres, il recueillait l'eau de la source du Var située à 10,5 km d'Annecy à une altitude de 676 m.

Captée aussitôt sa sortie du flanc de la montagne du Semnoz, route du col de Leschaux, l'eau était acheminée jusqu'à Annecy par des conduites en ciment dans les parties où l'eau coule par simple gravité et par des conduites en fonte dans les tronçons où elle est soumise à pression.

illustration 2) et couverture Réservoir sur la place du château, 1972
Cliché Hélène Avan

En octobre 1888, le réservoir permettait d'alimenter les vingt-six bornes fontaines de la ville. En raison de l'augmentation des demandes de concession d'eau des particuliers qui atteignent, en novembre 1903, le nombre de 279 et prévoyant que, dans l'avenir, le réservoir ne saurait suffire à tous les besoins, l'architecte de la ville fut chargé d'établir un avant-projet de construction d'un second réservoir d'une capacité de 912 m³, à construire près du premier.

En réalité, c'est un réservoir de 1'200 m³ qui est réalisé en 1919. En même temps que l'usine élévatoire de la Puya (1908-1910), est construit le réservoir de la Jeanne puis viendront s'ajouter en 1929 le réservoir des Trésums, en 1958 celui du Belvédère, et enfin celui de Chanteloup en 1976.


sources : bulletin municipal Annecy (janvier-février 2012) ; « Histoires d'eaux, une ville en quête d'eau potable », Carnets d'Archives, Archives municipales d'Annecy


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