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En octobre 1899 arrive sur le bureau du préfet l'ambitieux projet de Saturnin Fabre. Cet entrepreneur de travaux publics, ancien maire de la Seyne-sur-Mer, souhaite transformer la paisible bourgade annécienne au bord de son lac en « la plus belle cité estivale des Alpes françaises ».
Le cœur de la « station estivale »
L'assainissement des rives du lac par le remblaiement des prés-marais du Pâquier et d'Albigny est au cœur de son ambitieux projet. Les douze hectares qu'il se propose de conquérir sur l'eau permettront de construire un casino, un hôtel et un vaste boulevard de 20 mètres de large, longeant le lac, partant du Pâquier pour aboutir au hameau de La Tour, sur la route de Veyrier. Le casino déploiera 140 mètres de façades sur l'avenue d'Albigny et abritera un théâtre, une salle des fêtes, une salle d'expositions, une bibliothèque, des ateliers de peinture et de photographie, des salons de repos, un restaurant. L'hôtel de 200 chambres, facile à mettre en communication avec les bateaux à vapeur, la gare PLM et celle du tramway d'Annecy-Thônes (TAT), aura vocation à accueillir les voyageurs de passage.
Un dispositif touristique ambitieux
Le Grand Hôtel Beau-Séjour à la Puya, luxueusement installé, s'adressera aux touristes qui désirent séjourner à Annecy tout ou partie de la saison ; implanté en à pic au-dessus des rochers de la Puya, il jouira d'une vue magnifique sur tout le bassin du lac. La mise en service d'un tramway urbain de la Puya à Albigny, avec prolongement vers la gare et la forêt communale de la Jeanne, viendra compléter le dispositif.
Il prévoit, à plus long terme, l'aménagement de la forêt du Crêt-du-Maure, la construction d'établissements de cures d'air à diverses altitudes, la transformation des bains de Menthon, la construction d'un tramway jusqu'à Talloires, avec prolongement éventuel jusqu'au Fayet, l'aménagement d'un champ de course et d'un cirque.
La fin d'un rêve
Le Conseil municipal, le Syndicat d'initiative, la Chambre de commerce et le Conseil général accueillent avec enthousiasme cette proposition et se prennent à rêver. Sans plus attendre, Saturnin Fabre entame les démarches nécessaires qui n'aboutiront que sept ans plus tard. Dès lors, il dispose d'un an pour commencer les travaux d'endigage et de construction et devra les avoir terminés dans un délai de trois ans. Son décès subit, le 18 novembre 1906 [à Lyon], mettra fin à une entreprise qui, si elle avait abouti, aurait changé le visage d'Annecy.
Grégoire Saturnin Calixte Fabre
dit Saturnin Fabre est né à Toulon en 1842. Devenu entrepreneur de travaux publics, il exerça son formidable talent partout en France et même à l'étranger. Les travaux d'assainissements qu'il réalisa à Athènes lui valurent même d'être décoré par le roi de Grèce.
Un projet qui a fait des émules
Il semble que si le projet de Saturnin Fabre n'a pas survécu à son initiateur, d'autres propositions aussi ambitieuses aient vu le jour dans la foulée, comme en témoigne cet autre projet :
Sources :
- Revue municipale « Annecy », juin 2007 (sauf paragraphe « Un projet qui a fait des émules »),
- « Le tourisme au lac d'Annecy, suivi d'une étude statistique : Annecy, 1890-1967 », Georges Grandchamp & Pierre Jacquier, revue Annesci #14 et #15 - Société des Amis du Vieil Annecy, 1968.
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