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À partir d'octobre 1920, suite à une sécheresse persistante, le niveau du lac ne cesse de baisser pour atteindre la cote 0 des échelles hydrométriques le 16 décembre 1921. Au plus fort de cette crise, les 300 usines alimentées en électricité par les Forces du Fier ont dû cesser leur activité 2 jours par semaine, d'où l'idée de dériver les eaux de crue du Fier dans le lac, au grand dam des amoureux du site.

Le lac, réservoir du Fier

Le dispositif consistait à capter les eaux du torrent au pont de Dingy et à les conduire au lac par un tunnel creusé sous le Veyrier débouchant vers Chavoire après qu'une première chute, « soigneusement dissimulée », aurait produit déjà un certain nombre de chevaux-vapeur. Pour éviter les inondations, il était prévu un canal souterrain prenant sa source dans le Thiou, passant sous la place aux Bois et le château pour aboutir non loin de Cran et alimenter une seconde chute productrice, elle aussi, d'énergie.


L'intervention de Charles-André Coppier

Dans les colonnes de L'Industriel Savoisien, le peintre Coppier, propriétaire d'une villa à Talloires, alerte l'opinion sur le risque « de ruiner la région d'Annecy au point de vue touristique, pittoresque et sanitaire » qu'un tel projet fait courir. Il relève, avec à-propos, que les industriels qui se sont installés le long du Fier n'ignoraient pas qu'il s'agit d'un torrent capricieux et il les accuse de ne pas avoir pris les précautions qui s'imposaient pour mettre en réserve le flux des grandes crues. D'après lui, il serait peu dispendieux de constituer d'énormes approvisionnements d'eau dans les plaines d'Alex-Dingy et de Brogny-Cran en y créant des lacs artificiels alimentant des chutes complémentaires à débit régulier.


Une large mobilisation

La Commission de protection des sites et monuments de la Haute-Savoie, le Touring-Club de France et la Société pour la protection des paysages de France protestent contre ces travaux, certes « d'une conception aussi hardie qu'originale » mais de nature à porter atteinte à la beauté et la salubrité du site. Les protestataires, soutenus par les hautes personnalités qui villégiaturaient chaque année dans la région, créent un syndicat qui se propose de défendre les intérêts moraux et matériels des riverains et usagers du lac.

illustration 1) André-Charles Coppier
portrait (1890 - extrait) par Albert Besnard, Paris, musée d'Orsay

André-Charles Coppier

[17 novembre 1866, Annecy, France † 30 septembre 1948, Talloires, France]

Peintre, critique d'art, écrivain, médailleur, graveur, historien de l'art, Officier de la Légion d'honneur.
Il déposa un brevet à Washington en 1915 sur un procédé de son invention de traitement du papier monnaie permettant de prévenir la contrefaçon.
Il était surnommé localement « la bête du Roc » en référence à ses habitudes casanières.


Fin de l'alerte

En avril 1922, on peut lire dans la revue du Touring-Club de France :

Grâce à la neige et à la pluie tout est rentré dans l'ordre. Le lac a repris son niveau normal et sa physionomie souriante, et après une alarme un peu chaude, les touristes le retrouveront tel qu'ils l'ont laissé la saison dernière et tel qu'ils se sont habitués à l'aimer. Puissent-ils y venir nombreux cette année, comme on fait pour l'être cher que l'on avait cru perdre et qu'on retrouve en santé et en joie.

Source :
  • Revue municipale « Annecy », juin 2011.

permalien : //www.killeak.net/?section=17&view=2670

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mot(s) clé(s) : annecy, ville d'- haute-savoie hier et aujourd'hui lac d'annecy

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